Compte rendu analytique d’une conférence

Le compte rendu analytique d’une conférence comporte un résumé de la conférence, mais il est en plus accompagné d’une analyse.

Caractéristiques

Le compte rendu analytique d’une conférence est constitué d’une description condensée des thèmes et des idées principales abordés, à laquelle s’ajoute une interprétation des propos entendus. L’analyse doit également présenter les conférenciers ou conférencières et faire état des discussions, s’il y a lieu. L’analyse est un outil permettant de prendre une distance face aux propos d’un conférencier ou d’une conférencière, d’approfondir notre compréhension et de réfléchir à la signification et à la portée des propos.

  • Il présente le thème et les conférenciers ou conférencières.
  • Il est en partie informatif et fidèle au contenu des présentations.
  • Il reproduit la structure de la conférence, sa cohérence, sa rigueur.
  • Il comporte une réflexion personnelle, une interprétation.
  • Il est rédigé dans nos propres mots.
Marche à suivre
  1. Procéder à une écoute active :
  • Écouter, sélectionner et noter les informations durant toute la durée de la conférence. Le gabarit de la méthode Cornell de la section Prendre des notes peut être utilisé.
  • Être attentif à l’introduction, aux transitions, aux conclusions.
  • S’assurer de bien comprendre; s’il y a une période de questions, ne pas hésiter à intervenir, à poser une question, à émettre un point de vue ou à demander des précisions.
  • Repérer les indices : le conférencier ou la conférencière souligne l’importance d’une notion, répète l’explication.
  1. Être méthodique
  • Écrire la date et le titre de la conférence.
  • Noter les noms des conférenciers ou conférencières.
  • Reproduire le plan de l’exposé s’il y a lieu.
  • Noter les idées principales et des exemples au besoin.
  • Utiliser les abréviations; ne pas écrire mot à mot.
  1. Réviser ses notes après la conférence :
  • Inscrire les notions importantes dans la marge.
  • Reconstituer le plan de l’exposé : utiliser les couleurs, surligner ou souligner afin de bien saisir la structure de la présentation.
  • Noter ce qui n’est pas clair.
  • Compléter les notes au besoin avec l’aide des collègues ou des professeurs; chercher le sens des termes inconnus.
  • Faire des recherches sur le conférencier ou la conférencière : son travail, sa spécialisation, ses recherches, ses publications, ses réalisations.
  • Répondre aux questions suivantes : quel est le sujet de cette conférence? Que veut démontrer le conférencier ou la conférencière? Quelle est l’idée principale de cette présentation? Quelle est l’idée directrice de chacune des parties? Quelles sont les idées secondaires? Est-ce que l’enchaînement des idées est bien compris?

4. Interpréter les propos du conférencier ou de la conférencière 

  • Rechercher son point de vue, son intention, sa thèse: quel est le sujet de cette conférence?
    • Que veut démontrer le conférencier ou la conférencière?
    • Quelle est l’idée centrale (la thèse) de cette présentation?
    • Ai-je bien saisi l’idée principale de chacune des parties?
    • Ai-je bien saisi les idées secondaires?
    • Est-ce que je comprends l’enchaînement des idées?
  • Déterminer l’intérêt de la présentation
    • Apporte-t-elle quelque chose d’intéressant?
    • A-t-elle une pertinence dans le contexte actuel?
  • Identifier les procédés utilisés
    • L’argumentation est-elle basée sur des faits?
    • Fait-on référence à des recherches concrètes?
    • La présentation est-elle inspirée de recherches ou de publications d’autres personnes?
    • Le conférencier ou la conférencière fait-il des comparaisons ? Des critiques?
  • Réfléchir au contenu de la conférence à partir de notions vues en classe
    • La conférence confirme-t-elle une thèse connue?
    • Ajoute-t-elle des précisions?
    • Le conférencier ou la conférencière utilise-t-il des notions connues ou nouvelles?
  • Comparer les propos tenus pendant de la conférence à d’autres analyses
    • Sont-ils semblables ? Différents?
    • Quelles critiques peut-on formuler?
  • Tirer une conclusion
    • Que peut-on déduire à la suite de cette conférence?
    • Quel sens peut-on donner à cette présentation ?

5. Faire le plan du compte rendu analytique

  • présenter d’abord le thème et les conférenciers;
  • en deuxième partie, transcrire, en respectant la structure de la présentation, l’idée centrale, l’idée principale de chaque partie et, au besoin, les idées secondaires;
  • en troisième partie, présenter, s’il y a lieu, les faits saillants de la discussion: les questions principales posées, le sens des réponses et des débats;
  • en quatrième partie, structurer les éléments de votre interprétation;
  • préciser enfin les éléments à mettre dans l’introduction et la conclusion.

6. À partir de ce plan, rédiger un texte suivi en prenant soin de bien relier les idées entre elles.

7. Relire le compte rendu, couper les mots inutiles, les répétitions.

Exemple

Il faut commencer par faire le compte rendu.

Titre de la conférence :  Le Québec et la Catalogne en comparaison.
Conférence tenue le 10 mai 2006 au cégep Édouard-Montpetit

Stéphane Paquin, professeur associé au département d’histoire de l’UQAM, a présenté une conférence dont le thème pourrait se résumer ainsi : dans le contexte des défis posés par la mondialisation, le Québec et la Catalogne demeurent de petites nations pleines de possibilités pour affirmer leur identité et pour développer un nationalisme à la fois libre-échangiste et pluraliste.

Le conférencier a abordé plusieurs points : le contexte de la mondialisation; la définition du concept de petite nation; la progression économique, linguistique et culturelle du Québec, et la comparaison avec la Catalogne; la persistance d’un sentiment de différence; et, finalement, les défis qui se posent aux petites nations et les atouts du Québec pour y faire face.

Le contexte de la mondialisation a permis au Québec et à la Catalogne d’avoir accès à des marchés. Certains disent que mondialisation signifie homogénéisation. C’est vrai en un sens. Mais l’homogénéisation n’est pas totale. Il y a une réaffirmation de la culture locale, régionale et nationale.

Comment s’en tirent les petites nations dans ce contexte? Définissons d’abord ce qu’est une petite nation : selon Milan Kundera, c’est une nation consciente de sa fragilité; elle peut disparaître et elle le sait. Selon M. Paquin, cela amène une grande solidarité visant à assurer la survie et la reproduction de la nation.

Les petites nations seront-elles assimilées? M. Paquin a expliqué les progrès réalisés par le Québec et la Catalogne. Au niveau économique : les Canadiens-Français ne contrôlaient pas 50 % de leur économie avant la Révolution tranquille; le Québec en contrôle maintenant 70 %. Les multinationales québécoises se multiplient. Et c’est la même chose en Catalogne.

D’un point de vue linguistique, la situation a changé radicalement aussi : en 1961, 83 % des cadres sont anglophones à Montréal; aujourd’hui, ils sont bilingues; la francisation des immigrants est un succès étonnant. Même chose en Catalogne; 80 % des gens parlent maintenant le catalan, grâce aux lois linguistiques.

D’un point de vue culturel, le Québec a progressé : selon l’OCDE, les jeunes Québécois se classent dans les cinq premières places dans les examens internationaux en sciences, mathématiques et en compréhension de texte. Le Québec produit d’innombrables émissions de télévision de grande qualité, publie des milliers de livres chaque année.

Devons-nous conclure que le Québec et le Canada sont devenus semblables? Oui, c’est vrai qu’il y a une convergence, sur le plan de l’urbanisation et de la consommation, par exemple; c’est la même chose pour la Catalogne et l’Espagne. Mais le clivage politique est grand. Nous nous percevons comme différents, ce qui entraîne une montée des revendications identitaires.

Quels sont les principaux défis pour les petites nations? D’abord, le vieillissement de la population : il faudra être plus productif pour assumer les coûts. Ensuite, l’intégration des immigrants et la crise de la dette. Mais surtout, il faut se préoccuper de la situation internationale : le Québec doit rester un centre de décision économique pour éviter que des entreprises comme Microsoft ne dictent leur volonté.

Mais le Québec a des atouts : nous avons accès à un vaste marché grâce à l’ALENA et à la francophonie; le Québec a des institutions financières (ex. : la Caisse de dépôt et placement, la SGF, les Caisses populaires Desjardins…) qui participent aux décisions et peuvent empêcher des prises de contrôle étrangères. La Catalogne n’a pas autant cet atout.

En conclusion, M. Paquin croit que le Québec et la Catalogne ont gagné le pari de la mondialisation et ont su déployer diverses actions afin d’affirmer leur identité. Après la conférence, il y a eu une période de questions. Les sujets principaux abordés ont été : le statut d’autonomie de la Catalogne; la richesse du Québec; l’État-providence; la stratégie du Parti québécois.

Analyse

Paquin a clairement voulu présenter une vision optimiste de l’avenir des petites nations comme le Québec et la Catalogne par rapport à la mondialisation. Il a mis l’accent sur les avantages et les défis de la mondialisation ainsi que sur les atouts du Québec : progrès économiques et culturels; force des institutions financières. L’on pourrait dire que son but est de combattre un certain pessimisme à l’égard de la mondialisation et une certaine façon, traditionnelle, de voir le Québec comme une victime.

Son exposé était bien documenté : il a utilisé des références à l’histoire (avant et après la Révolution tranquille); il a donné des statistiques. Il apportait du neuf : le concept de petite nation « qui sait qu’elle peut disparaître » et le retour de la question nationale. Tout ce qui concerne la Catalogne était nouveau pour nous : on entend peu parler des autres petites nations.

La thèse de M. Paquin ressemble à celle d’un auteur que nous avons étudié : Jocelyn Maclure, qui dit que le contexte de la mondialisation nous oblige à réfléchir différemment à la question nationale; lui aussi dit que les petites nations peuvent prendre leur place.

Il y a quelques points que nous pouvons critiquer. M. Paquin est très optimiste sur la question du français. Il ne faut pas oublier que la Loi 101 ne s’applique pas aux entreprises de moins de 50 employés, et c’est souvent là que travaillent les immigrants, et qu’elle a été affaiblie par la clause Canada. Il ne parle pas non plus des inégalités sociales au Québec : tout le monde n’a pas profité également des succès de ce qu’on appelle souvent Québec inc. Contrairement à la Catalogne, qui a été reconnue comme une nation à l’intérieur de l’État espagnol, le Québec a échoué. Au lendemain du référendum de 1980, le premier ministre canadien Pierre-Elliot Trudeau a imposé sa vision d’un Canada centralisateur en s’ingérant dans les champs de compétence des provinces et en rejetant la revendication d’un statut particulier pour le Québec.

Pour conclure, la conférence fut très intéressante. Elle prouve l’importance de l’analyse comparative des expériences historiques des petites collectivités dans le monde. Elle nous montre que la mondialisation a des avantages comme des inconvénients, et que les petites nations ont des atouts et non seulement des problèmes. Elle nous donne une nouvelle façon, jeune, optimiste et bien documentée de voir la question nationale dans le contexte de la mondialisation. Cependant, d’autres thèmes auraient pu être abordés : les relations internationales d’une nation non indépendante; la reconnaissance d’une nation sans État et son statut à l’ONU; l’avenir des partis indépendantistes; les actes terroristes et leur impact sur les négociations (Basques, FLQ); les mesures répressives utilisées par les États centraux, telles que la dictature de Franco et la Loi sur les mesures de guerre au Canada.

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